Une transition énergétique en panne malgré l’urgence
C’est ce que dénonce l’UFC-Que Choisir dans une étude publiée en mai 2025, pointant une « inefficacité persistante » des dispositifs d’aide existants. Complexité administrative, aides mal calibrées, reste à charge trop élevé : l’association de consommateurs dresse un bilan alarmant des politiques actuelles, alors que la précarité énergétique touche de plus en plus de foyers. Cet article décrypte les principaux constats de l’étude et les pistes proposées pour relancer une politique de rénovation efficace, équitable et ambitieuse.
Objectifs en berne : un fossé entre promesses et réalité
Des ambitions élevées...
Le gouvernement avait fixé des objectifs clairs pour 2024 : rénover 700.000 logements, en mettant l’accent sur les rénovations globales, c’est-à-dire des chantiers combinant plusieurs travaux complémentaires (isolation, chauffage, ventilation…) pour améliorer de façon significative la performance énergétique d’un bien.
Des résultats encore insuffisants… mais des signes d’amorce
Les chiffres collectés par l’UFC-Que Choisir révèlent des performances encore en deçà des ambitions gouvernementales : en 2024, seules 91.374 rénovations d’ampleur ont été réalisées, contre 200.000 visées. À l’inverse, les rénovations par geste, plus simples mais moins efficaces à long terme, dominent avec 340.800 opérations recensées. Au total, environ 430.000 rénovations ont été enregistrées, loin des 700.000 prévues.
Si ces chiffres témoignent d’un dispositif encore jeune qui peine à pleinement convaincre, ils montrent aussi qu’une dynamique s’installe progressivement. On assiste à un début de mobilisation, encore partielle mais prometteuse, autour de la rénovation énergétique.
Chez Habil, nous contribuons à cette dynamique en rendant plus accessibles et lisibles les projets de rénovation, grâce à des outils pédagogiques conçus pour accompagner les professionnels et leurs clients.
Des aides trop complexes et pas assez vularisées
MaPrimeRénov’ : un dispositif majoritaire, mais difficile à mobiliser
Créée pour remplacer les anciens crédits d’impôt et simplifier l’accès aux aides, MaPrimeRénov’ concentre aujourd’hui 88 % des aides distribuées. Mais son efficacité est largement remise en cause :
- Les montants d’aide peuvent sembler dérisoires face à l’ampleur des travaux. Pour une rénovation globale, l’aide peut se limiter à 20 % du coût total, y compris pour les projets les plus ambitieux.
- 25 % des bénéficiaires jugent les démarches administratives trop complexes.
Chez Habil, on simplifie la compréhension de ces aides en intégrant directement les dispositifs dans nos simulations de travaux, rendant ainsi plus accessible la prise de décision pour les acheteurs.
Les Certificats d’économie d’énergie (CEE) : un dispositif opaque
Les CEE, censés compléter l’offre d’aides, souffrent d’un manque criant de transparence :
- Aucune plateforme publique officielle n’existe pour comparer les offres de primes.
- Les ménages doivent naviguer seuls entre des dizaines de propositions commerciales.
- Des pratiques douteuses et risques de fraude sont régulièrement signalés.
En conséquence, bon nombre de ménages renoncent ou font des choix sous-optimaux, faute d’informations claires.
MaPrimeRénov’ Ampleur : une ambition louable encore trop confidentielle
Depuis 2024, l’État mise sur MaPrimeRénov’ Rénovation d’Ampleur pour encourager les rénovations globales et performantes. Ce dispositif cible en priorité les logements les plus énergivores et propose des montants d’aide plus conséquents, à condition de réaliser plusieurs gestes de travaux coordonnés. Une logique pertinente sur le fond, mais dont l’impact reste limité sur le terrain.
En cause ? Une connaissance encore faible du dispositif, des conditions d’accès complexes et un besoin impératif d’accompagnement structuré pour articuler les travaux, les aides, et les contraintes techniques. Résultat : malgré des objectifs ambitieux, MPR Ampleur peine à décoller, et la majorité des ménages privilégie encore des gestes isolés, jugés plus simples à mettre en œuvre.
Des freins concrets pour les ménages
Des avances de frais dissuasives
Même les aides attribuées théoriquement peuvent s’avérer inaccessibles en pratique. En effet :
- Les ménages modestes, qui bénéficient pourtant d’aides renforcées, doivent avancer jusqu’à 70 % du montant de l’aide, ce qui représente un frein financier majeur.
- Ce problème de trésorerie est souvent un obstacle insurmontable pour initier les travaux.
Un accompagnement encore trop flou…
L’accompagnement est reconnu comme un facteur clé de succès, notamment dans les projets complexes. Pourtant :
- Mon Accompagnateur Rénov’, dispositif censé guider les ménages, reste peu déployé.
- Son coût peut atteindre 3.000 euros, une somme souvent jugée prohibitive.
- De nombreux foyers ne savent ni à qui s’adresser, ni par où commencer.
Ce manque de pilotage favorise les erreurs, les renoncements ou les travaux mal réalisés, parfois même inutiles.
Chez Habil, on accompagne les acheteurs en les mettant en relation avec des artisans rigoureusement sélectionnés, pour sécuriser les travaux et simplifier leur parcours.
Quelles solutions pour débloquer la rénovation énergétique ?
Les 4 grandes pistes proposées par l’UFC-Que Choisir
Dans son étude, l’UFC-Que Choisir avance quatre propositions clés pour rendre les dispositifs plus efficaces :
- Créer un guichet unique, centralisant l’ensemble des aides, qu’il s’agisse de rénovations simples ou globales. Objectif : simplifier les démarches.
- Mettre en place un comparateur officiel, gratuit et indépendant pour les primes CEE, permettant aux ménages de faire des choix éclairés.
- Mobiliser les banques pour développer massivement l’éco-prêt à taux zéro (éco-PTZ), avec des objectifs chiffrés et un suivi rigoureux.
- Améliorer la trésorerie des ménages : revalorisation des avances, extension des facilités aux classes moyennes, et prise en charge renforcée de l’accompagnement.
Une réforme structurelle est indispensable
L’UFC-Que Choisir ne plaide pas simplement pour des ajustements techniques : elle appelle à une refonte complète de la méthode. Pour réussir la transition énergétique, il faut :
- Rendre le parcours simple, sécurisé et universel.
- Renforcer la lisibilité des aides, la transparence des offres et la confiance des ménages.
- Définir une stratégie nationale ambitieuse, avec des objectifs concrets et vérifiables.
Conclusion : la rénovation énergétique ne peut pas attendre
Face au dérèglement climatique, à la flambée des prix de l’énergie et à la précarité croissante, accélérer la rénovation énergétique des logements est une priorité nationale. Or, les dispositifs actuels ne remplissent pas leur rôle : complexes, peu incitatifs, inégalitaires, ils laissent de côté des millions de Français qui auraient tout à gagner à améliorer la performance de leur logement.
L’appel de l’UFC-Que Choisir doit être entendu comme un signal d’alarme. Sans réforme de fond, la France n’atteindra ni ses objectifs climatiques, ni ses engagements sociaux. Une rénovation énergétique réellement efficace exige des moyens, certes, mais surtout une méthode claire, cohérente et au service des citoyens.